Invité par le chef Sébastien Boin à écrire une pièce destinée à une représentation en plein air (dans le cadre de la série marseillaise Sirène & midi net), le compositeur Frédéric Pattar songe immédiatement au poème Démocratie, extrait des Illuminations d’Arthur Rimbaud, qui s’impose à lui comme une évidence indémontrable, axiomatique.
« La fonction de la sirène urbaine, outre la puissance sonore qu’elle déploie, annonce une catastrophe imminente, écrit-il, c’est une association qui va de soi. Mais ce n’est pas tout à fait de ce type de danger que parle Rimbaud dans Démocratie. Le poète cite les paroles violentes de ce qui semble être un groupe armé. L’emploi des guillemets sur l’ensemble de ce poème ne laisse aucun doute sur cette mise à distance. Par le titre, qui peut sembler énigmatique, on peut très bien imaginer que les mercenaires qui s’expriment ici sont le bras armé, brutal et sanguinaire d’une démocratie… »
Ainsi, même si cette pièce explosive pour grosse caisse solo (Claudio Bettinelli) et huit musiciens, munis chacun d’un fouet en bois, d’une sirène à bouche et de pétards à mains, se veut délibérément dérisoire et ludique, elle n’en évoque pas moins un effroi vis-à-vis d’une possible dérive de notre démocratie, telle qu’elle existe aujourd’hui.