Lou Harrison

Compositeur américain né en 1917

Ses œuvres au répertoire

Solo to Anthony Cirrone (1972) | tenor bells | 5′

Lou Silver Harrison est né le 14 mai 1917 à Portland, Oregon, où il vit jusqu’à l’âge de neuf ans. L’instabilité professionnelle de son père contraint la famille à de fréquents déménagements dans le nord de la Californie. Le jeune garçon suit une scolarité décousue mais reçoit une éducation artistique riche et variée, comprenant notamment des leçons de piano et de danse. Diplômé de la Burlingame High School en décembre 1934, Harrison s’installe l’année suivante à San Francisco. Pendant sept ans, jusqu’à l’été 1942, il y explore en profondeur l’ensemble du répertoire musical occidental, tout en développant un grand intérêt pour les musiques traditionnelles asiatiques. En 1935, il entre au San Francisco State College où, pendant trois semestres, il étudie le cor, la clarinette, le clavecin, la flûte à bec, et chante dans plusieurs ensembles vocaux. Il compose Six sonates pour clavecin (1934-1943) et Mass to St. Anthony (1939-1952). À l’Université de Californie à San Francisco, il suit le cours « Music of the Peoples of the World » dispensé par Henry Cowell, dont il devient rapidement l’assistant, l’élève en composition et l’ami. Grâce à Cowell, il entre en contact avec Charles Ives et Carl Ruggles, avec lesquels il entretiendra également des liens amicaux et artistiques privilégiés. De 1937 à 1942, Harrison travaille comme pianiste accompagnateur au Département de danse du Mills College d’Oakland et, pendant les sessions d’été, enseigne la composition pour la danse – Harrison retournera au Mills College en 1980, cette fois comme professeur de composition au Département de musique. En 1938, il fait la connaissance de John Cage. De 1939 à 1941, ils organisent ensemble des séries de concerts de percussion sur le campus du Mills College et dans la baie de San Francisco, où sont jouées plusieurs compositions, dont Double Music (1941), pour quatuor de percussions, écrit en collaboration avec Cage. En août 1942, Harrison s’installe à Los Angeles. Il suit alors le séminaire de composition d’Arnold Schoenberg à l’Université de Los Angeles (UCLA) et compose la Suite pour piano (1943), d’influence sérielle.

À l’été 1943, Harrison part vivre à New York. Il collabore à la revue New Music, puis assiste Virgil Thomson comme critique musical du New York Herald Tribune. Le 5 avril 1946, il dirige la création mondiale de la Symphonie n° 3 de Charles Ives. Mais sous l’effet de la vie trépidante et bruyante de New York, il fait une sévère dépression nerveuse et est hospitalisé pendant neuf mois. Il continue cependant à composer, notamment The Perilous Chapel (1949) et Solstice (1950). Pendant les étés 1949 et 1950, il occupe le poste de Directeur musical du Reed College Festival of Music and Theater de Portland et compose alors la musique de scène pourMarriage at the Eiffel Tower (Jean Cocteau) et The Only Jealousy of Emer (William Butler Yeats). De 1951 à 1953, il est en résidence au Black Mountain College, où il enseigne l’harmonie, le contrepoint et les théories sur l’intonation. En 1952, il obtient une première Bourse Guggenheim et compose l’opéra Rapunzel.

Harrison retourne en Californie à l’été 1953 et s’installe l’année suivante à Aptos, une petite communauté rurale au sud de Santa Cruz. Il gagne d’abord sa vie comme pianiste accompagnateur, mais aussi en exerçant divers métiers, parmi lesquels pompier de forêt ou infirmier pour animaux. Sa précarité financière s’estompe avec l’obtention d’un seconde Bourse Guggenheim (1954), d’une bourse de la Fromm Foundation et d’une commande du Louisville Orchestra (1955), qui se concrétisera par la composition de Strict Songs (1955), pour huit barytons et orchestre. En 1959, il est en résidence à Buffalo, où il achève son Concerto pour violon avec orchestre de percussions.

En avril 1961, grâce à une Bourse Rockefeller, Harrison assiste à Tokyo aux rencontres musicales Est-Ouest. Immédiatement après ces rencontres, il passe deux mois en Corée. L’année suivante, il retourne à Séoul pendant près de quatre mois, puis passe trois semaines à Taiwan. Pendant ces voyages, il étudie les musiques et les instruments locaux, qui inspireront des œuvres associant instruments occidentaux et asiatiques, comme Nova Odo (1961-1968), Pacifika Rondo (1963) ou le Concerto pour pipa (1997). En 1966, Harrison passe six mois à Oawaca, Mexique. L’année suivante, il rencontre William Colvig, un ingénieur en électricité et amateur de musique, qui sera son collaborateur et son compagnon jusqu’au décès de Colvig en 2000. Pendant leurs trente-trois ans de vie commune, ils résideront à Aptos dans un habitat de paille. Ensemble, ils construisent des instruments dont leur ensemble instrumental, l’American Gamelan, appelé aussi Old Granddad, que Harrison utilise notamment dans son second opéra, Young Caesar (1971-2000).

Dans les années 1960 et 1970, Harrison présente des centaines de concerts de musique traditionnelle chinoise et coréenne à travers la Californie. Il approfondit son étude des différents systèmes d’intonation qu’il enseignera lors du Berkeley World Music Festival en 1975. En 1976, il étudie aussi la musique pour gamelan, et l’année suivante, commence à composer pour des gamelans authentiques, qu’il combinera souvent avec des instruments solistes occidentaux, comme dans le Double Concerto pour violon, violoncelle et gamelan (1981-1982) et le Concerto pour piano avec gamelan javanais (1987). En 1983, il se rend pour la première fois en Indonésie, profitant d’un voyage en Nouvelle-Zélande pour un détour par Java. Lou Harrison meurt d’une crise cardiaque le 2 février 2003 en se rendant à Columbus, Ohio, pour assister à un festival consacré à sa musique.

 

© Ircam-Centre Pompidou, 2017

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