Lebenslauf

Année de composition
1992
Durée
16 minutes
genre
Instrumental
Effectif
Soprano et ensemble instrumental [9 musiciens] : flûte, clarinette, cor, piano, 2 violons, alto, violoncelle et contrebasse

Les six poèmes ici choisis couvrent la quasi-totalité de l’activité créatrice d’Hölderlin, depuis les premières odes épigrammatiques (La bonne croyance) jusqu’aux élégies inachevées et aux ultimes poèmes de la folie (Les lignes de la vie).

 

Les mélodies extrêmes illustrent l’espoir- de l’amour ou de la paix éternelle: elles font entendre une harmonie consonante, fondée essentiellement sur des tierces majeures. Les mélodies centrales, mêlant plénitude et angoisse, vie et mort, espoir et tension, sont plus complexes, plus contrastées et plus instables. Le titre, Lebenslauf (titre à la fois de la cinquième mélodie et de l’ensemble du cycle), résume l’idée générale qui relie entre elles ces mélodies: le cours de la vie, de la simplicité de l’enfance à celle de la folie.  » Le seul mystère dans lequel nous vivons et que nous pouvons imprégner de pensée, écrivait Hölderlin, c’est la marche même des choses, printemps et hiver, jeunesse et vieillesse, vie et mort, bonheur et douleur, le temps qui s’écoule et l’idée qui demeure. »

 

Lebenslauf est une commande du Ministère de la Culture. L’oeuvre a été écrite en 1992, à l’intention de l’Ensemble Alternance, à qui elle est dédiée.

 

Philippe Hersant

 

I. La bonne croyance

 

O belle vie, tu gis, malade; à pleurer,
Mon coeur s’épuise, la crainte en moi étend son crépuscule.
Pourtant, pourtant je ne peux croire
Que tu puisses mourir, tant que tu aimeras.

 

II. Ages de la vie

 

Vous, cités de l’Euphrate!
Et vous, rues de Palmyre!
Forêts de colonnes dans l’immensité du désert,
Qu’êtes-vous devenues?
Parce que vous avez transgressé
Les limites des êtres qui respirent,
Les nuées et la foudre des Immortels
Vous ont ravi vos couronnes.
Cependant me voici, assis sous les nuages
(dont chacun goûte son propre repos),
Parmi les chênes en belle ordonnance,
Sur la lande du chevreuil,
Et ils me sont étrangers et morts,
Les esprits bienheureux.

 

III. Milieu de la vie

 

Chargé de poires dorées
Et tout fleuri de roses sauvages,
Le paysage surplombe le lac;
0 vous, cygnes pleins de grâce,
Enivrés de baisers,
Vous plongez votre tête
Dans l’eau sobre et sacrée.

 

Mais hélas! Où trouverai-je
Des fleurs, quand viendra l’hiver, et l’éblouissant soleil
Et les ombres de la terre?
Les murs se dressent,
Muets et glacés, et dans le vent
Grincent les girouettes.

 

IV. Fragment

 

…Ainsi les étourneaux poussent-ils des cris de joie
Lorsqu’au pays des oliviers, en douce terre étrangère,
Dans la vallée où le soleil brûle, où le coeur de la terre se fend,
Ils reconnaissent leur patrie…
Mais quand l’air semble se déchirer devant eux
Et que le vent du nord-est, de son âpre souffle
Leur dessille les yeux,
Ils s’envolent.

 

V. Le cours de la vie

 

Mon esprit s’élançait, mais l’amour l’a ployé
Et la douleur, plus puissamment le ploie.
Je parcours ainsi toute l’orbe de la vie
Et je retourne d’où j’étais venu.

 

VI. Les lignes de la vie

 

Les lignes de la vie sont diverses
Comme les chemins et les contours des montagnes.
Ce que nous sommes ici, un Dieu là-bas peut l’achever
Dans la paix, l’harmonie et l’éternelle Grâce.

 

Friedrich Hölderlin

Création mondiale
1993 | Bibliothèque Nationale, Paris
Éditeur
Durand
Livret
6 Mélodies sur des poèmes de Friedrich Hölderlin

Pour recevoir nos informations,
inscrivez vous à notre newsletter !