David, le requin et la source vieille de 700 millions d’années est une création musicale originale qui allie un conte de Marguerite Duras et une conférence imagée et sonore sur la « biophonie », l’étude du monde sonore sous-marin dans les calanques du littoral de Marseille. Une comédienne- chanteuse, trois musiciens de l’ensemble C Barré et un chercheur du Laboratoire PRISM, accompagnent le parcours du public dans divers points du lieu, au fil du conte mis en musique par le compositeur Jean-Christophe Marti. Suite à quoi l’acousticien fait entendre et voir les résultats de ses recherches en acoustique sous-marine. L’ensemble est un voyage narré et sonore original, qui marie la fiction d’un récit et l’information documentaire sur les recherches scientifiques les plus les plus actuelles sur le territoire du littoral tout proche du Parc national des Calanques.
Le conte mis en musique et en voix
Ce conte drôle et émouvant, mis en musique pour une récitante-chanteuse et trois musiciens (saxophone, percussions et violoncelle) est extrait de L’Été 80 de Marguerite Duras. Il raconte l’histoire d’un enfant, David, et d’un requin nommé Ratekétaboum, qui l’a recueilli après un naufrage. Les voyages de David et du requin leur font parcourir les océans, nager entre des îles, côtoyer d’autres êtres aquatiques jusqu’à rencontrer « la source », une très vieille créature faite entièrement d’eau. Cette source contient la mémoire des océans, elle sort de la Citerne atlantique et, certains soirs, se met à danser. La source, de même que la mer, est l’élément même de l’écriture. Elle inspire la temporalité d’un recommencement éternel pris dans la variation continue des sensations et des couleurs, ce qui rejoint un thème profondément musical.
L’écriture et le thème de l’eau
Ce conte ouvre au thème poétique de l’eau, particulièrement dans les livres de Marguerite Duras. L’eau est l’élément fondamental de l’imaginaire de Duras. Cela remonte à son enfance, en Indochine : l’embouchure de l’immense fleuve Mékong, les rivières dangereuses où elle se baigne avec ses frères, l’océan Pacifique… ces paysages d’eau sont la matrice de son œuvre. Sa mère a tenté de contenir les crues du Pacifique pour protéger les rizières qu’elle cultivait, et les récits de ces tentatives sont repris dans plusieurs livres : Un Barrage contre le Pacifique, L’Eden Cinéma, Les Lieux de M. Duras, L’Amant de la Chine du Nord… Le conte de David et du requin est parfaitement accessible aux enfants et à un public familial pas forcément accoutumé à l’univers de Duras.