Soprano et ensemble instrumental [7 musiciens] : flûte (aussi piccolo), clarinette (aussi clarinette basse), 2 trompettes, 2 trombones et violoncelle
Aks est une œuvre aux origines un peu particulières. Commandée par la Société des Amis du Musée des Arts et Traditions Populaires pour le cinquantenaire du musée, j’ai composé cette partition pour voix de mezzo et 7 instruments (flûte, clarinette, 2 trompettes, 2 trombones et violoncelle) sur le matériel musical fourni par le département ethnomusicologique des A.T.P.
Hormis les premières mesures du violoncelle, aucun chant n’est cependant cité « in extenso ». L’observation et la manipulation intensive des structures modales et rythmiques des chants populaires choisis imprègnent l’œuvre entière sans jamais céder à un quelconque « folklorisme » qui eût altéré ces étonnantes musiques de traditions orales françaises et mon propre travail. Toute l’harmonie et la conduite mélodique sont construites sur des processus autonomes dont l’origine provient toujours de la « mémoire » de ce beau musée.
J’ajoute que l’attitude musicale adoptée pour la construction de cette partition est un acte parfaitement arbitraire. Il ne faut donc ni chercher une cohérence à volonté sociale ou historique ni même une quelconque « démonstration » musicale. J’espère que les ethnomusicologues ne me garderont pas rancune d’avoir joué avec ce terreau musical si riche. J’avoue cependant avoir eu grand plaisir à le faire, ce qui est _en soi_ une bonne raison…
Le texte, en occitan (et afférent à la mélodie citée au violoncelle), nous parle du bouvier qui laboure, de rave, de petit chou, d’alouette maigre, des tréfonds de la cave et des pèlerins qui passeront, de la pauvre Bernarde, qui est allée tout droit là-haut avec les chèvres, amen, amen…
Je remercie de sa confiance la Société des Amis du Musée des A.T.P de m’avoir fait l’honneur de cette commande, Mr Jean Cuisenier, directeur du musée, et le département musique, en particulier Mlle Maguy P. Andral et Mr Jacques Cheyronnaud qui m’ont si gentiment confié leurs archives ainsi que l’enthousiasme complice de Marie Chantal de Tricornot
Aks est dédié aux 50 ans du Musée National des Arts et Traditions Populaires et à la troisième année de mon fils Louis…
Pascal Dusapin
Lo Bouvé
Yébé dé laura kan lu buyébé dé laura
Plant oiki so gulado a é iou plantoi ki so gulado
Trobo lo destr’al pé dél fyok trobo lo déstr’ol pédél fyok
Tuto déskunsulado tutodéskunsulado
Obyo torsatlu rubinét abyotorsatlu rubinet
Omaisèro omaisèro pintado omaisèro pintado
Sésyèi molauto dyazu sésyéi molauto dyazu
Té farenun putatei téfarenum putatei
Anbéuno rabéun kaulét
Éuno lauzéto ma gro éuno lauzétomagro
Kansérai mwortontoramé kansérai mwortontoramé
Ol téfundé lakabo al téfundé la kabo
Léspébiratbo laporét léspébiratbo la poret
Lu katjyula kanèlo lukatjyu la konèlo
Luspiligrinké pasorow luspiligrinké pasorow
Pendraudayo sinado pendraudayo sinado
Diraw en patèr èinabé diraw en patèr éèinabé
Pèi la pauro bèrnado pei la paura bèrnardo
Kéniz anadol syèl tu drét keniz anadol syèl tu drét
Anbun a mé laskabroz amun anbé los kabro
A mena respundébèrnat a mena réspundébernat
Kusi tau byen plosado a eio u kusi tau byen plosado
Le Bouvier
Quand le bouvier de labourer,
il plante là son aiguillon.
Il trouve… auprès du feu,
toute malheureuse.
Elle avait tourné le robinet
et elle s’était saoulée.
Si tu es malade, dis-le :
nous te ferons un potage.
Quand je serai morte, enterrez moi
au tréfonds de la cave.
Les pieds tournés vers le mur,
la tête sous la canelle.
Les pèlerins qui passeront,
prendront de l’eau bénite.
Ils diront un Pater et un Ave
pour la pauvre Bernarde…
Qui est allée au ciel tout droit,
là-haut avec les chèvres.
« Amen, amen », répondit Bernard,
« comme ils t’ont (?) bien placée ! »